Sainte Croisade
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Catholiques face à l'immigration islamique : plus de précisions

J'ai sélectionné d'autres passages de la deuxième partie ("Migrants et pastorale d'accueil") de l'Instruction Erga Migrantes Caritas Christi pour aller plus loin :

«Inculturation» et pluralisme culturel et religieux
34. Sacrement d’unité, l’Église dépasse les barrières et les divisions idéologiques ou raciales. Elle proclame à tout homme et à toute culture la nécessité de tendre vers la vérité, dans une perspective de juste confrontation, de dialogue et d’accueil réciproque. Les diverses identités culturelles doivent ainsi s’ouvrir à une logique universelle, sans renier leurs propre caractéristiques positives, mais en les mettant au service de l’humanité entière. Cette logique, tout en engageant chaque Église particulière, met en évidence et manifeste l’unité dans la diversité que l’on contemple dans la vision trinitaire, qui, à sa tour, renvoie la communion de tous à la plénitude de vie personnelle de chacun.
Dans cette perspective, la situation culturelle d’aujourd’hui dans sa dynamique globale, représente un défi sans précédent pour l’incarnation de la foi unique dans des cultures variées ; il s’agit d’un véritable kairòs qui interpelle le Peuple de Dieu (cf. EEu 58).
35. Nous sommes face à un pluralisme culturel et religieux dont on a peut-être jamais jusqu’à aujourd’hui fait l’expérience de manière aussi consciente. D’un côté, on avance à grandes enjambées vers une ouverture mondiale, favorisée par la technologie et par les mass-media - qui arrive à mettre en contact ou même à mettre en symbiose des univers culturels et religieux traditionnellement différents et étrangers les uns aux autres -, de l’autre, on assiste à la résurgence d’exigences d’identité locale, qui trouvent dans la spécificité culturelle de chacun les éléments de sa propre réalisation.
36. Cette fluidité culturelle rend donc l’«inculturation» encore plus indispensable, car l’on ne peut évangéliser sans entrer dans un dialogue profond avec les cultures. En même temps que des peuples aux racines diverses, ce sont d’autres valeurs et d’autres modèles de vie qui frappent à nos portes. Alors que toute culture tend à penser le contenu de l’Évangile en fonction de son propre cadre de vie, il revient au Magistère de l’Église de guider ces démarches et d’en juger la validité.
L’«inculturation» commence avec l’écoute, la connaissance de ceux auxquels on annonce l’Évangile. Cette écoute et cette connaissance conduisent à une évaluation plus juste des valeurs et des travers présents dans les cultures, à la lumière du mystère pascal de mort et de vie. Ici, la tolérance ne suffit pas; il faut la sympathie, et dans la mesure du possible le respect de l’identité culturelle des interlocuteurs. Reconnaître les aspects positifs des cultures et les apprécier, parce qu’ils prédisposent à l’accueil de l’Évangile, est un préambule nécessaire au succès de l’annonce évangélique. C’est uniquement dans ces conditions que peuvent naître dialogue, compréhension et confiance. L’attention à l’Évangile devient ainsi une attention aux personnes, à leur dignité et à leur liberté. Un effort de fraternité, de solidarité, de service et de justice est nécessaire pour promouvoir chacun dans son intégrité. En effet, l’amour de Dieu, tout en donnant la vérité à l’homme et en lui montrant sa vocation sublime, promeut également sa dignité et fait naître la communauté autour d’une annonce écoutée et intériorisée, célébrée et vécue.

Accueil et solidarité
39. Les migrations constituent donc un événement qui touche aussi à la dimension religieuse de l’homme; elles offrent aux migrants catholiques l’occasion privilégiée, bien que souvent douloureuse, d’acquérir un sens accru de leur appartenance à l’Église universelle, au-delà de toutes les particularités.
À cette fin, il est important que la communauté ne considère pas que sont devoir envers les migrants puisse se limiter simplement à poser des gestes d’aide fraternelle ou encore de soutenir des lois parcellaires qui favorisent leur digne insertion dans la société et qui respectent l’identité légitime de l’étranger. Les chrétiens doivent se faire les promoteurs d’une véritable culture de l’accueil (cf. EEu 101 et 103), qui sache apprécier les valeurs authentiquement humaines d’autrui, au-delà des nombreuses difficultés que comporte la convivialité avec des personnes différentes de nous (cf. EEu 85, 112 et PaG 65).
40. Les chrétiens réalisent tout cela en pratiquant un accueil véritablement fraternel, répondant à l’invitation de saint Paul : «Accueillez-vous les uns les autres comme le Christ vous a accueillis, pour la gloire de Dieu» (Rm 15,7).
Assurément, ce simple appel, aussi inspiré et pressant soit-il, ne donne pas une réponse automatique et concrète à ce qui nous harcèle jour après jour. Il n’élimine pas, par exemple, une peur diffuse ni l’insécurité des personnes ; il n’assure pas le respect nécessaire de la légalité et la préservation de la communauté d’accueil. Mais l’esprit authentiquement chrétien donnera la manière de procéder et le courage pour affronter ces problèmes et il suggérera les moyens concrets par lesquels, dans la vie quotidienne de nos communautés chrétiennes, nous sommes appelés à les résoudre (cf. EEu 85 et 111).
41. C’est pourquoi l’Église entière du pays d’accueil doit se sentir intéressée et mobilisée par la question des migrants. Les Églises particulières doivent donc repenser et programmer une pastorale aidant les fidèles à vivre une foi authentique dans le nouveau contexte actuel, multiculturel et plurireligieux. Avec le concours d’Assistants sociaux et pastoraux, il faut faire connaître aux autochtones les problèmes complexes des migrations et s’opposer aux suspicions infondées ou aux préjugés qui sont des offenses à l’égard des étrangers.
Dans l’enseignement de la religion et la catéchèse, il conviendra de trouver les moyens appropriés pour faire naître dans la conscience chrétienne le sens de l’accueil, en particulier envers les plus pauvres et les marginaux, comme le sont souvent les migrants. Un accueil entièrement fondé sur l’amour du Christ, sûrs que le bien fait au prochain, surtout aux plus nécessiteux, par amour de Dieu, est fait à Dieu lui-même. Ces catéchèses, toutefois, ne pourront pas ne pas faire références aux graves problèmes qui précèdent ou accompagnent le phénomène migratoire, notamment la question de la démographie, du travail et de ses conditions (phénomène du travail au noir), de la charge des personnes âgées, la criminalité, l’exploitation, le trafic et la traite d’êtres humains.
42. Il est certes utile et juste de distinguer, en ce qui concerne l’accueil, les termes d’assistance en général (ou premier accueil, plutôt à court terme), d’accueil à proprement parler (dans une perspective à plus long terme) et d’intégration (objectif à très long terme, à poursuivre dans la continuité et dans le sens juste du terme).
Les Agents pastoraux dotés de compétences spécifiques dans le domaine des médiations culturelles – agents dont nos communautés catholiques aussi doivent s’assurer les services – sont appelés à apporter leur aide, en associant l’exigence légitime d’ordre, la légalité et la sécurité dans la société avec la vocation chrétienne concrète d’accueil et de charité. Il faudra aussi faire en sorte que tous se rendent compte des avantages, non seulement économiques, qu’apportent aux pays industrialisés les flux migratoires régulés et que, en même temps, ils prennent toujours plus conscience que derrière ces bras dont on a besoin il y a des personnes, c’est-à-dire des hommes, des femmes, et des cellules familiales entières, avec enfants et personnes âgées.
43. Les actions d’assistance ou de «premier accueil» (qu’il suffise d’évoquer par exemple les «foyers des migrants » surtout dans les pays de transit vers les destinations d’accueil) restent quoi qu’il en soit d’une grande importance pour faire face aux urgences qui viennent du flux migratoire lui-même: nourriture, logement, santé, aide économique, centres d’écoute. Les actions de «véritable et plein accueil» sont tout aussi décisives, elles qui ont pour but de parvenir à l’intégration progressive et à l’autosuffisance de l’étranger immigré. Citons plus particulièrement les efforts faits en vue des regroupements familiaux, de l’éducation des enfants, du logement, du travail, de la vie associative, de la promotion des droits civils et des diverses formes de participation des immigrés à la vie sociale dans le pays d’accueil. Les associations religieuses, socio-caritatives et culturelles d’inspiration chrétienne devront, en outre, s’efforcer d’associer les immigrés à leurs structures elles-mêmes.

Migrants d’autres Églises et Communautés ecclésiales
56. La présence toujours plus nombreuse aussi d’immigrés chrétiens n’étant pas en pleine communion avec l’Église catholique offre aux Églises particulières de nouvelles possibilités de vivre la fraternité œcuménique dans le concret de la vie quotidienne et permet, loin d’un irénisme facile ou du prosélytisme, une meilleure compréhension réciproque entre Églises et Communautés ecclésiales. Il s’agit d’acquérir l’esprit de charité apostolique qui respecte la conscience d’autrui et reconnaît les biens qu’on voit chez lui, mais qui peut aussi attendre le moment de devenir instrument d’une rencontre plus profonde entre Christ et les frères. Les fidèles catholiques ne doivent pas oublier en effet qu’accueillir les frères dans la pleine communion avec l’Église est aussi un service et un signe de grand amour. Dans tous les cas, «si des prêtres, des ministres ou des communautés qui ne sont pas en pleine communion avec l’Église catholique n'ont pas d'endroit, ni les objets liturgiques nécessaires pour célébrer dignement leurs cérémonies religieuses, l’Évêque du diocèse peut leur permettre d'utiliser une église ou un édifice catholique, et même leur prêter ces objets nécessaires pour leur culte. Dans des circonstances semblables, la permission peut leur être accordée de faire des enterrements ou de célébrer des offices dans des cimetières catholiques».
57. Il faut rappeler ici aussi que, dans des circonstances déterminées, il est légitime pour des non catholiques de recevoir l’Eucharistie avec les catholiques, comme l’affirme la récente encyclique Ecclesia de Eucharistia. De fait, «s'il n'est en aucun cas légitime de concélébrer lorsqu'il n'y a pas pleine communion, il n'en va pas de même en ce qui concerne l'administration de l'Eucharistie, dans des circonstances spéciales, à des personnes appartenant à des Églises ou à des Communautés ecclésiales qui ne sont pas en pleine communion avec l'Église catholique. Dans ce cas en effet, l'objectif est de pourvoir à un sérieux besoin spirituel pour le salut éternel de ces personnes, et non de réaliser une intercommunion, impossible tant que ne sont pas pleinement établis les liens visibles de la communion ecclésiale. C'est en ce sens que s'est exprimé le Concile Vatican II quand il a déterminé la conduite à tenir avec les Orientaux qui, se trouvant en toute bonne foi séparés de l'Église catholique, demandent spontanément à recevoir l'Eucharistie d'un ministre catholique et qui ont les dispositions requises (cf. OE 27). Cette façon d'agir a été depuis ratifiée par les deux Codes de Droit, dans lesquels est considéré aussi, avec les adaptations nécessaires, le cas des autres chrétiens non orientaux qui ne sont pas en pleine communion avec l'Église catholique (cf. CIC, can. 844 §§3-4 et CCEO, can. 671,§§3-4)».
58. De toute manière, on aura une attention spéciale et réciproque à l’égard des règlements respectifs, comme cela est recommandé dans le Directoire pour l’application des principes et normes sur l’œcuménisme : «Les catholiques doivent faire preuve d'un respect sincère pour la discipline liturgique et sacramentelle des autres Églises et Communautés ecclésiales, et celles-ci sont invitées à montrer le même respect pour la discipline catholique».
Ces dispositions et «l’œcuménisme de la vie quotidienne» (PaG 64) ne manqueront pas d’avoir des effets positifs en ce qui concerne les migrants. Les grandes fêtes liturgiques des différentes Confessions, les traditionnelles Journées mondiales pour la paix, pour les Migrants et les Réfugiés, ainsi que la Semaine annuelle de prière pour l’unité des chrétiens, pourront être des moments forts d’engagement œcuménique.

Migrants d’autres religions, en général
59. Dernièrement, la présence d’immigrés d’autres religions dans des pays de longue tradition chrétienne n’a cessé de se renforcer. En ce qui les concerne, divers documents du Magistère, en particulier l’Encyclique Redemptoris Missio, et aussi l’Instruction Dialogue et Annonce, donnent des orientations claires.
À l’égard aussi des immigrés non-chrétiens, l’Église s’engage pour la promotion humaine et par le témoignage de la charité, qui en soi ont déjà une valeur évangélisatrice et sont capables d’ouvrir les cœurs à une annonce explicite de l’Évangile, qui doit être faite avec l’indispensable prudence chrétienne et dans le respect absolu de la liberté. Dans la mesure du possible, les migrants des autres religions doivent être soutenus afin de pouvoir préserver la dimension transcendante de leur vie.
L’Église est donc appelée à entrer en dialogue avec eux, «dialogue [qui] doit être conduit et mis en œuvre dans la conviction que l’Église est la voie ordinaire du salut et qu’elle seule possède la plénitude des moyens du salut» (RMi 55 ; cf aussi PaG 68).
60. Cela implique que les communautés catholiques d’accueil prennent encore davantage en compte leur identité, qu’elles vérifient leur fidélité au Christ, qu’elles connaissent bien le contenu de leur foi, qu’elles retrouvent un esprit missionnaire et que, de ce fait, elles s’engagent à témoigner de Jésus le Seigneur et de son Évangile. C’est le présupposé nécessaire à un dialogue sincère, ouvert et respectueux avec tous, qui ne soit pas naïf et qui ne prenne pas au dépourvu (cf. PaG 64 et 68).
Les chrétiens ont en particulier le devoir d’aider les immigrés à s’insérer dans le tissu social et culturel du pays qui les reçoit, en acceptant les lois civiles (cf. PaG 72). C’est principalement par leur témoignage de vie que les chrétiens sont appelés à dénoncer certaines valeurs négatives présentes dans les pays riches et industrialisés (matérialisme et consumérisme, relativisme moral et indifférence religieuse), susceptibles d’ébranler les convictions religieuses des immigrés.
Nous souhaitons aussi qu’un tel engagement en faveur des migrants ne soit pas l’apanage seulement de certains chrétiens ou des traditionnelles Organisations d’aide et de secours, mais qu’il fasse également partie intégrante du programme global des Mouvements ecclésiaux et des Associations des fidèles (cf. CfL 29).

Quatre points d’attention particulière
61. Pour éviter tout malentendu et toute confusion, et étant donné les différences religieuses reconnues de part et d’autre, nous jugeons qu’il n’est pas opportun, pour le respect de nos lieux sacrés et de la religion d’autrui, que les lieux catholiques – églises, chapelles, lieux de culte, locaux réservés aux activités spécifiques d’évangélisation et de pastorale – soient mis à la disposition de croyants de religions non-chrétiennes, et moins encore qu’ils ne soient utilisés pour faire valoir des revendications vis-à-vis de l’Autorité publique. Les espaces de type social, par contre – réservés au temps libre, au jeu et à d’autres formes de socialisation –, pourraient et devraient rester ouverts à des personnes d’autres religions, dans le respect des règles qui les régissent. La socialisation qui se fait dans ces lieux serait en effet une occasion pour favoriser l’intégration des nouveaux arrivants et pour préparer des médiateurs culturels capables d’aider à dépasser les barrières culturelles et religieuses, en promouvant une connaissance réciproque appropriée.
62. Les écoles catholiques (cf. EEu 59 et PaG 52), même lorsqu’elles accueillent des enfants d’immigrés d’autres religions, ne doivent pas renoncer à leurs caractéristiques particulières et à leur propre projet éducatif, orienté selon les valeurs chrétiennes. Les parents qui veulent y inscrire leurs enfants devront en être clairement informés. Dans le même temps, aucun enfant ne devra se voir obligé de participer à la Liturgie catholique ni d’accomplir des gestes contraires à ses propres convictions religieuses.
D’autre part, les heures de religion prévues au programme, si elles font partie du cursus scolaire, pourraient être librement mises à profit pour que les élèves puissent connaître une croyance différente de la leur. Dans ces heures de classe tous les élèves devront être éduqués au respect – sans relativisme – des personnes ayant une autre conviction religieuse.
63. À l’exception de cas particuliers, le mariage entre catholiques et migrants non-chrétiens devra être déconseillé, avec toutefois plus ou moins de force, selon la religion de chacun et selon les normes du CIC et du CCEO. Il faudra de fait rappeler avec les paroles du pape Jean-Paul II que «dans les familles où les deux parents sont catholiques, il leur est plus facile de partager leur foi avec leurs enfants. Tout en rendant grâce pour tous les cas de mariages mixtes où l'on constate un épanouissement de la foi aussi bien chez les époux que chez les enfants, le Synode a encouragé les efforts pastoraux en vue de promouvoir le mariage entre personnes partageant la même foi».
64. Enfin, dans les relations entre chrétiens et pratiquants d’autres religions, le principe de réciprocité revêt une grande importance. Il s’agit non pas d’une attitude purement revendicatrice, mais d’une relation fondée sur le respect mutuel et sur la justice dans les traitements juridiques et religieux. La réciprocité est aussi une attitude du cœur et de l’esprit qui permet de vivre ensemble et en étant partout à parité de droits et de devoirs. Une saine réciprocité stimule chacun à devenir «l’avocat» des droits des minorités là où sa propre communauté religieuse est majoritaire. On pense notamment aux nombreux migrants chrétiens vivant dans des pays à la population majoritairement non chrétienne, où le droit à la liberté religieuse est fortement restreint ou violé.

Migrants musulmans
65. À ce propos, on observe aujourd’hui, particulièrement dans certains pays, un pourcentage élevé ou en augmentation d’immigrés musulmans, envers lesquels notre Conseil Pontifical a aussi une sollicitude.
Le Concile Vatican II nous indique l’attitude évangélique à adopter à cet égard et il nous invite à purifier la mémoire des incompréhensions du passé, à cultiver les valeurs communes, ainsi qu’à clarifier et à respecter les différences, sans pour autant renoncer aux principes chrétiens. Les communautés catholiques sont donc invitées au discernement. Il agit de distinguer, dans les doctrines, dans les pratiques religieuses et dans les lois morales de l’Islam ce qui peut être partagé et ce qui ne peut pas l’être.
66. La croyance en Dieu, Créateur et Miséricordieux, la prière quotidienne, le jeûne, l’aumône, le pèlerinage, l’ascèse en vue de la maîtrise des passions, la lutte contre l’injustice et l’oppression, sont des valeurs communes, également présentes dans le christianisme, bien qu’à travers des expressions et des manifestations diverses. À côté de ces convergences, il existe aussi des divergences, dont certaines concernent les acquis légitimes de la modernité. Soucieux en particulier des droits de l’homme, nous souhaitons donc de la part de nos frères et sœurs musulmans une prise de conscience toujours plus grande qu’on ne peut remettre en question l’exercice des libertés fondamentales, des droits inviolables de la personne, de l’égale dignité de l’homme et de la femme, du principe démocratique du gouvernement de la société et d’une saine laïcité de l’État. Il faudra aussi parvenir à un équilibre entre vision de foi et juste autonomie de la création.
67. Dans le cas d’une demande de mariage par une femme catholique et un musulman – restant sauf ce qui est dit au numéro 63 et en tenant compte aussi des jugements pastoraux locaux –, au vu aussi des expériences amères, il faudra faire une préparation particulièrement soignée et approfondie. Elle devra amener les fiancés à connaître et à «assumer» en connaissance de cause les profondes diversités culturelles et religieuses auxquelles ils devront faire face, que ce soit entre eux ou avec les familles et l’environnement d’origine de la partie musulmane, vers lesquels ils seront éventuellement appelés à revenir après un séjour à l’étranger.
Dans le cas où le mariage serait transcrit auprès d’un Consulat d’un État islamique, la partie catholique devra cependant se garder de lire ou de signer des documents contenant la shahada (profession de croyance musulmane).
Les mariages entre catholiques et musulmans, s’ils sont néanmoins célébrés, auront cependant besoin, hormis la dispense canonique, du soutien de la communauté catholique, avant et après la célébration. Un des services important des associations, des bénévoles et des conseillers catholiques devra être donc d’aider ces familles dans l’éducation des enfants et éventuellement de soutenir la partie la moins protégée de la famille musulmane, à savoir la femme, pour lui permettre de connaître et de faire état de ses droits propres.
68. Enfin, concernant le baptême des enfants, les normes des deux religions sont – comme on le sait – fortement opposées. Le problème doit donc être clairement soulevé durant la préparation au mariage et la partie catholique devra s’engager dans le sens voulu par l’Église. La conversion et la demande de baptême de musulmans adultes exigent de toute façon une attention pondérée, aussi bien à cause de la nature particulière de la religion musulmane que pour les conséquences qui en découlent.

Dialogue inter-religieux
69. Les sociétés actuelles, toujours plus composites sur le plan religieux, notamment en raison des flux migratoires, exigent donc des catholiques qu’ils soient résolument disponibles au vrai dialogue interreligieux (cf. PaG 68). Dans ce but, il conviendra que, dans les Églises particulières, les fidèles et les Agents pastoraux reçoivent une formation et une information solides sur les autres religions, afin de dissiper les préjugés, de surmonter le relativisme religieux, d’éviter les fermetures et les peurs injustifiées qui freinent le dialogue et érigent des barrières, créant des violences et des incompréhensions. Les Églises locales auront soin d’intégrer une telle formation dans les programmes éducatifs des séminaires, des écoles et des paroisses.
Le dialogue interreligieux ne doit pas être compris uniquement comme une recherche de points communs pour construire ensemble la paix, mais surtout comme occasion de renouer avec les dimensions communes au sein des communautés respectives. Nous voulons ici faire référence à la prière, au jeûne, à la vocation fondamentale de l’homme, à l’ouverture au Transcendant, à l’adoration de Dieu, à la solidarité entre les nations.
Toutefois, explicite ou implicite selon les circonstances, l’annonce du salut apporté par le Christ, médiateur entre Dieu et les hommes, auquel tend toute l’action de l’Église, doit rester pour nous absolument incontournable. Ni le dialogue fraternel, ni l’échange et le partage de valeurs «humaines» ne peuvent en effet atténuer l’effort ecclésial d’évangélisation (cf. RMI 10-11 et PaG 30).

(Cf. www.vatican.va/…/rc_pc_migrants_…)
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